Contention et sujets âgés
I. Définition
La contention d’un patient se définit comme la limitation de son autonomie et de ses mouvements au moyen d’un procédé physique ou mécanique. Elle porte donc atteinte à sa liberté d’aller et venir.
Plusieurs sortes de contention physique sont habituellement distinguées :
Les contentions à visée rééducative :
- « posturale » qui participe au maintien d'une attitude corrigée
- « active » réalisée le plus souvent par un masseur kinésithérapeute qui prépare la verticalisation après une période d'alitement prolongée.
La contention physique, dite « passive » :
- Se caractérise par « l'utilisation de tous moyens, méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou d'une partie du corps dans le seul but de garantir la sécurité pour une personne (âgée) qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté ».
II. Indication et prescription d'une contention
1. Après évaluation médicale initiale
- Informer en premier le patient et rechercher au maximum son consentement
- Informer la personne de confiance et son entourage (famille) de la décision de contention et expliquer les raisons. Rechercher leur consentement et leur participation.
2. Indications
La contention physique doit rester exceptionnelle :
- En cas d’urgence médicale après avoir tenté toutes les solutions alternatives (sédation de l’agitation, apaisement relationnel notamment)
- Afin de permettre les investigations et les traitements nécessaires,
- Tant que le patient est dangereux pour lui-même ou pour autrui.
Il existe différents motifs possibles de contention :
- La prévention d'une chute d'un patient âgé afin d'éviter un traumatisme, notamment s'il présente une dépendance fonctionnelle,
- La limitation d'une déambulation excessive avec un épuisement du patient, fugues
- La gestion de l'agitation et de l'hétéro ou auto-agressivité (arrachage perfusion ou de sonde, violence envers soignants ou autres patients…)
- Les comportements suicidaires,
- Temporairement, la facilitation de la prise d'un traitement ou de la réalisation d'un soin,
- Le souhait du patient (peut demander qu'on relève les barrières de lit) pour l’aider à la mobilisation dans le lit, au sentiment de sécurité.
Ne sont pas considéré comme des indications, la contention utilisée à des fins excessives et injustifiées, telle que le :
- Confort du personnel de santé
- Craintes liées à la judiciarisation croissante des rapports professionnels de santé / usagers et leurs familles (contentieux judiciaire lié aux chutes par exemple).
!!! Il est important de bien connaitre les risques avant toute prescription.
Les risques liés à l’immobilisation peuvent être résumés dans le tableau ci-dessous :
Risques psychosociaux |
Traumatismes physiques : |
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3. Prescription à Gustave Roussy
Ce paragraphe s’adresse aux personnels de Gustave Roussy.
La contention est une prescription médicale.
Elle doit être prescrite dans le dossier informatisé (Dx care) :
Cette prescription horodatée de contention permet une identification du prescripteur, indique sa durée prévisible ainsi que le matériel qui doit être approprié aux besoins du patient et présenter des garanties de sécurité et de confort.
Dans les commentaires, il est nécessaire de noter les motifs de la contention :
Possibilité de prescrire la surveillance nécessaire à la prévention des risques liés à la contention.
La contention doit être notée dans le dossier médical du patient (transmissions IDE, note de suivi, compte rendu d’hospitalisation).
Les moyens de contention répertoriés à Gustave Roussy sont :
- Les gilets et sangles thoraciques, les ceintures,
- Les attaches de poignets et de chevilles,
- Les barrières de lit
III. Critères de surveillance de la contention
Programmer une surveillance physique, psychologique et environnementale de la contention.
La surveillance du patient concerne :
- L’état neurologique : conscience, confusion, élocution, déficit sensitif ou moteur, hypertonie /hypotonie musculaire au réveil, les symptômes d’agitation, d’apathie
- L’état cutané : sudation, pâleur / rougeur / cyanose / marbrure, points d’appui (prévention d’escarre)
- L’état nutritionnel
- L’élimination urinaire ou fécale : rétention urinaire, constipation
- La mobilité physique
- Les douleurs : toute plainte douloureuse doit être évaluée et donner lieu à un examen somatique au réveil
- L’hémodynamique : surveillance de signe de déshydrations, œdème, surveillance des constantes (fréquence respiratoire, fréquence cardiaque, température)
- L’état du sommeil
La réévaluation de l’indication de la contention doit être quotidienne et permettre la levée dès que possible = dès que l’état du patient le permet ou en cas de mauvaise tolérance ou d’augmentation de l’agitation.
NB : possibilité de référer à la GED :
IV. Bibliographie
Sécurisation d’un patient à l’aide d’un dispositif médical de contention mécanique ou d’un dispositif médical de maintien postural. https://ansm.sante.fr/uploads/2020/12/30/20201110-rapport-contention.pdf
Article 72 de la Loi de modernisation de notre système de santé n° 2016-41, du 26 janvier 2016
Article L. 3222-5-1 du Code de la santé publique
Article R. 4311-2 CSP : mission première de protection du patient
Article R. 4311-5 du CSP (alinéa 27)
Article R. 4311-7 du CSP
Article R. 4312-36
Médecine Palliative Soins de Support - Accompagnement - Ethique, 2010-10-01, Volume 9,
Numéro 5, Pages 232-241, Copyright © 2010 Elsevier Masson SAS
Recommandations de l’ANAES « Limiter les risques de la contention physique de la personne âgée » octobre 2000 - RÉFÉRENTIEL DE PRATIQUE POUR LA CONTENTION
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Céline LAZAROVICI-NAGERA - Maxime FRELAUT - GUSTAVE ROUSSY - Mise à jour en janvier 2025