Endoc. - Hyperthyroïdie dysimmunitaire
Fréquence rapportée
Ipilimumab : peu fréquent (≥ 1/1 000 à < 1/100)
Nivolumab : fréquent (≥1/100 à <1/10)
Pembrolizumab : fréquent (≥1/100 à <1/10)
Symptômes
Symptômes d’appel caractéristiques
Tachycardie, amaigrissement, nervosité, tremblements, asthénie, diarrhées, thermophobie, HTA
Signes cliniques à rechercher
Goitre
Nodule
Orbitopathie
Signes de gravité
- Cardiothyréose : troubles du rythme, insuffisance cardiaque, insuffisance coronarienne
- Patient âgé et/ou cardiopathe : plus à risque de décompensation
- Crise aiguë thyrotoxique (rare) : cardiothyréose + agitation
Recherche antécédents
- Antécédents médicaux en particulier endocriniens thyroïdiens
- Antécédents personnels ou familiaux de maladies systémiques, d’auto-immunité
- Infection récente
- Surcharge iodée
- Prises médicamenteuses : amiodarone, lithium
Diagnostics différentiels
Diagnostics différentiels fréquents en oncologie
Secondaire à autre traitement antérieur
Autres diagnostics différentiels dysimmunitaires à évoquer
Maladie de Basedow (goitre, orbitopathie)
Phase de thyrotoxicose de thyroïdite : thyroïdite De Quervain (douleur et syndrome inflammatoire), thyroïdite lymphocytaire chronique (Hashimoto, autre)
Diagnostic différentiel devant TSH basse, T3/T4 normale ou basse : Hypothyroïdie centrale
Autres diagnostics différentiels à évoquer
Adénome toxique
Surcharge iodée iatrogène : amiodarone
Goitre multinodulaire toxique
Explorations complémentaires
Bilan biologique à réaliser
ECG
NFS, plaquettes
ASAT, ALAT
TSH (basse ou effondrée), T3L et T4L (normales ou hautes)
Si suspicion de surcharge iodée : iodurie des 24h
Sérologies infectieuses
Aucune recommandée
Bilan immunologique
Anticorps anti récepteurs de la TSH, anti-TPO, anti-thyroglobuline
Explorations complémentaires
Echographie cervicale systématique : Goitre ? Nodule ? Thyroïdite ?
Avis spécialisé
Indication d’un avis spécialisé
Avis spécialisé non systématique, à prévoir si :
- signes de gravité
- thyrotoxycose persistante (> 4-6 semaines)
- anomalie échographique (goitre ou nodule)
- anticorps positifs
Référent avis spécialisé
Si avis spécialisé nécessaire : coordonnées du référent pour les toxicités sous immunothérapies – Gustave Roussy
Avis urgent (tél) ou semi-urgent (email)
Médecins Endocrinologues, Hôpital Bicêtre, Le Kremlin Bicêtre :
Secrétariat service Endocrinologie : 01.45.21.37.09
Dr. Emmanuelle KUHN
Tel. : 01.45.21.21.21 DECT 14184
Email : emmanuelle.kuhn@bct.aphp.fr
Pr. Philippe CHANSON
Tel. : 01.45.21.37.05
Email : philippe.chanson@bct.aphp.fr
Prise en charge
Prise en charge thérapeutique
Si cardiothyréose : URGENCE thérapeutique
Suspendre l’immunothérapie jusqu’à amélioration des symptômes
Hospitalisation et avis REA (Téléphone DECT 2808)
Avis spécialisé systématique en urgence
Pas de corticothérapie
Si symptomatique, en l’absence de signes de gravité :
Poursuite possible de l’immunothérapie
Prise en charge ambulatoire possible
Avis spécialisé non systématique
Pas de corticothérapie
Traitement symptomatique :
- anxiolytiques type alprazolam 0,25 mg 3 fois par jour si anxiété
- propranolol 10 mg 3 fois par jour si Fc > 90 /min au repos
Si hyperthyroïdie secondaire à une thyroïdite lymphocytaire : souvent transitoire, résolution spontanée, pas d’anti-thyroïdiens de synthèse
Si maladie de Basedow : discuter avec le référent spécialiste les anti-thyroïdiens de synthèse
Si asymptomatique, en l’absence de signes de gravité :
Poursuite possible de l’immunothérapie
Prise en charge ambulatoire possible
Avis spécialisé non systématique
Pas de corticothérapie
Pas d’anti-thyroïdien de synthèse systématique, car risque d'évolution vers une hypothyroïdie; à discuter avec le référent spécialiste si maladie de Basedow.
Surveillance
Clinique à chaque cure : résolution des symptômes de l’hyperthyroïdie et d’apparition de symptômes d’hypothyroïdie
Résolution en quelques semaines si thyroïdite lymphocytaire et risque d’évolution vers une hypothyroïdie.
Biologique :
Dosage de TSH, T3, T4 toutes les 4 semaines
jusqu’à résolution de l’hyperthyroïdie puis toutes les 2 cures
En cas d’hyperthyroidie plus marquées (T3, T4 >3N) ou symptomatique, contrôle à 2 semaines
Surveillance à poursuivre après arrêt de l’immunothérapie : TSH tous les 3 mois pendant 1 an puis tous les 6 mois
Pharmacovigilance
Pour faciliter le processus de déclaration, l’équipe de pharmacovigilance de REISAMIC est disponible pour vous aider
en semaine, de 9h à 18h au : 01 42 11 61 00
par email : phv@gustaveroussy.fr
ou sur le site https://reisamic.fr
Cas rapportés dans la littérature :
Orlov, S., Salari, F., Kashat, L., & Walfish, P. G. (2015). Induction of Painless Thyroiditis in Patients Receiving Programmed Death 1 Receptor Immunotherapy for Metastatic Malignancies. The Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, jc20144560. doi:10.1210/jc.2014-4560
Yu, C., Chopra, I. J., & Ha, E. (2015). A novel melanoma therapy stirs up a storm: ipilimumab-induced thyrotoxicosis. Endocrinology, Diabetes and Metabolism Case Reports, 1–5. doi:10.1530/EDM-14-0092
Borodic, G. E., & Hinkle, D. (2014). Ipilimumab-induced orbital inflammation resembling Graves disease with subsequent development of systemic hyperthyroidism from CTLA-4 receptor suppression. Ophthalmic Plastic and Reconstructive Surgery, 30(1), 83. doi:10.1097/IOP.0000000000000033
Min, L., Vaidya, A., & Becker, C. (2011). Thyroid autoimmunity and ophthalmopathy related to melanoma biological therapy. European Journal of Endocrinology / European Federation of Endocrine Societies, 164(2), 303–307. doi:10.1530/EJE-10-0833
CTCAE v4
Hyperthyroidism : Hyperthyroïdie
Grade 1: Asymptomatique ; diagnostic à l'examen clinique uniquement ; ne nécessitant aucun traitement
Grade 2: Symptomatique ; indication de traitement anti-thyroïdien ; interférant avec les activités instrumentales de la vie quotidienne
Garde 3: Symptômes sévères ; interférant avec les activités élémentaires de la vie quotidienne ; nécessitant une hospitalisation
Grade 4: Mise en jeu du pronostic vital ; nécessitant une prise en charge en urgence