Mucites (Pédia.)
Notions
complication digestive de la chimiothérapie pouvant atteindre toute la muqueuse du tube digestif, le plus souvent évidente au niveau de la muqueuse orale. Possible surinfection virale ou fongique.
Etiologies
- Myélosuppression.
- toxicité muqueuse directe des drogues anticancéreuses.
- baisse de renouvellement des cellules basales de l'épithélium.
Agents favorisants
- Chimiothérapie conventionnelle : toxicité selon la posologie, la durée de perfusion et leur association, les protocoles COPADM et VIDE sont particulièrement mucigènes :
- Adriamycine
- Méthotrexate à haute dose
- Aracytine à haute dose
- Etoposide
- Ifosfamide
- Cyclophospamide
- Chimiothérapie hautes doses : Thiotépa, Busulfan, Melphalan.
- Radiothérapie (UCNT).
Clinique
Délai d’apparition d’environ 1 semaine après la dernière chimiothérapie, concomitante à la neutropénie.
- Premiers signes : douleurs, difficulté à déglutir, hyper salivation et dysphagie/ dysphonie.
- Présence d'une muqueuse sèche rouge, recouverte d'une couche blanchâtre (bouche et pharynx).
- L'évolution peut se faire vers une nécrose, avec une surface muqueuse nue, fréquemment sanglante. Attention à l’obstruction des voies aériennes dans les formes très hémorragiques.
- Complications possibles :
- Surinfection à virus Herpès : lésions vésiculeuses.
- Surinfection à Candida : couche blanche ayant tendance à se généraliser.
- Œsophagite : vomissements +/- sanglants (possibilité de présence de lambeaux muqueux).
- L'extension distale de la mucite peut être à l'origine des douleurs abdominales de type colique, parfois difficiles à soulager, des diarrhées avec du sang et des fissures anales.
Diagnostic
clinique avant tout +++
- Prélèvements microbiologiques systématiques (Recherche de surinfection HSV, bactérie, candida).
- Si présence de vomissements sanglants avec atteinte buccale modérée, discuter l'indication d'une fibroscopie.
- Coproculture systématique et recherche de toxine du Clostridium difficile, en cas de diarrhée muqueuse avec ballonnement abdominal.
Prévention
Une stricte hygiène orale par
- Soins de bouche : 4-6x/j systématique en cours de chimiothérapie et pendant la durée de l'aplasie :
- Chlorhexidine (Eludril®) 1/3 flacon + eau minérale).
- Brossage bi-quotidien des dents : avec une brosse à dents souple sauf thrombopénie, gingivorragie.
- Ablation des appareils orthodontiques : pour les chimiothérapies mucigènes.
Traitement
- Si douleurs, ajouter une cuillère de Xylocaïne visqueuse® dans le flacon de bains de bouche classiques (6x/j max)
- Antalgiques par voie générale, par ordre croissant :
- Paracétamol : 15 mg/kg 4 fois/j
- Enfant >12 ans : Topalgic® : 100-200 mg en 2 fois
- Péthidine (Dolosal®) : 4-10 mg/kg/j IVC + bolus, associé au Rivotril® 0.01 à 0.05 mg/kg/j IVC (prévention des convulsions liées au dolosal, à poursuivre 24h après la fin du dolosal).
- Fentanyl® : 1 µg/Kg/h en IVC + bolus
- Kétamine® : Après accord de l’équipe de la douleur (2890), débuter à 0.5 mg/kg/j en IVC (possibilité d’augmenter jusqu’à 2mg/kg/j)
- Garder à l’esprit que le contrôle total de la douleur de mucite est un objectif impossible à atteindre.
- Bien évaluer le bénéfice de l’augmentation des doses.
- Si mucite sévère avec antalgique à doses importantes :
- Monitorage de la fréquence respiratoire et de la saturation.
- Si hémorragie digestive :
- Mopral® IV 40mg/m²/j ou Mopral® PO 1-4mg/kg/j.
- (Attention ! Interdit avec administration de MTX).
- Si l’enfant ne peut pas s'alimenter :
- Nutrition parentérale à débuter rapidement.
- Si gingivite nécrotique :
- Rechercher une infection par des anaérobies.
- Si nécessaire, traiter par des antibiotiques efficaces (ureidopenicillines, métronidazole).
- Si suspicion d'infection herpétique :
- Après prélèvement virologique, si sérologie HSV positive, ajouter l'Aciclovir® par voie IV 250mg/m2/8h pendant 5 jours.
- Si sérologie négative, attendre les résultats des prélèvements.
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