Embolie gazeuse
I. Définition
L’embolie gazeuse iatrogène (EGI) est définie par l’entrée de gaz dans la circulation sanguine à l’occasion d’une procédure médicale ou chirurgicale.
II. Diagnostic
Apparition brutale de signes aspécifiques :
- Symptômes respiratoires : dyspnée, douleur thoracique, sensation de malaise…
- Symptômes hémodynamiques : hypotension, tachycardie…
- Symptômes neurologiques : déficit focal, troubles visuels, céphalées importantes…
- Contexte clinique évocateur :
- Pose d’une voie veineuse centrale [VVC], retrait programmé ou accidentel d’une VVC [Attention+++ arrachage VVC par patient marchant sur sa perfusion…], prélèvement ou soin sur VVC)
- Présence de bulles d’air dans la tubulure
- Post opératoire d’une chirurgie hémorragique ou d’une procédure vasculaire en RI.
Rechercher systématiquement des signes de gravité
- Etat de choc, arrêt cardiaque
- Insuffisance respiratoire aiguë
- Trouble neurologique quel qu’il soit (en particulier convulsions, coma, déficit moteur).
Le diagnostic peut être complété par des examens complémentaires : ECG, gaz du sang, radiographie ou scanner thoracique, scanner ou IRM cérébrale, échographie cardiaque trans-thoracique ou trans-œsophagienne. CES EXAMENS NE DOIVENT PAS RETARDER LE TRANSFERT VERS LE CENTRE D’OHB.
III. Traitement curatif
- Décubitus dorsal strict, mais pas Trendelenburg
- Aspiration par le cathéter si constatation immédiate de l’EGI sur VVC (aspirer 20 à 50 ml de sang)
- Oxygénothérapie à débit maximum
- Remplissage vasculaire par cristalloïdes > 2000 ml dans les 6 premières heures
- Traitement symptomatique de tous les signes cliniques
- Appel du réanimateur pour transfert au caisson d’OHB : Oxygène hyperbare le plus rapidement possible (avant la 5e heure) avec transfert par SAMU 94 (15 ou 01 45 17 95 00) dans le service de réanimation hyperbare de Garches (01 47 10 77 82).
En cas de suspicion d’embolie gazeuse définie par la présence de bulles d’air dans le système de perfusion sans signe clinique.
- Les signes cliniques peuvent apparaitre de manière retardée (jusqu’à 24 heures)
- TDM thoracique en urgence à la recherche de bulles d’air
- Appel du réanimateur pour transfert au caisson d’OHB en cas de présence de bulles d’air dans le système vasculaire.
IV. Prévention
Lors de la pose d’une VVC, quel que soit le territoire :
- Décubitus dorsal strict entre 0 et -20° (Trendelenburg) selon état cardiaque (avis médical concernant la tolérance du décubitus)
- Contrôle de la position de l’extrémité du Kt systématique
Lors du retrait d’une VVC dans le territoire cave supérieur (et pour tout soin sur VVC en territoire cave supérieur) :
- Retirer un cathéter central n'est pas un geste anodin
- Le système doit être clos (présence de valve bidirectionnelle sur chaque voie, à défaut voie clampée)
- Décubitus dorsal strict entre 0 et -20° (Trendelenburg) selon état cardiaque (avis médical concernant la tolérance du décubitus)
- Compression du point d’émergence pendant 3 minutes après l’ablation
- Maintien du décubitus dorsal 10 minutes après retrait.
L'ensemble du soin est réalisé stérilement et il n'est possible que sur prescription du médecin et à condition qu'il soit immédiatement présent dans le service (Art R4311-9 : « à condition qu'un médecin puisse intervenir à tout moment »).
Source :
« Prise en charge diagnostique et thérapeutique des embolies gazeuses », V.Souday, sciencedirect 2003
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Frédéric GOMAS ( Unité d’accès vasculaire de l’adulte et de l’enfant) - GUSTAVE ROUSSYMise à jour en mai 2024